Et comme je l’ai compris, je n’étais pas le seul dans ce cas.
Je l’ai réalisé là-bas : chacun a son propre Dakar.
Et ce n’est pas seulement une question de perceptions différentes du même événement ; c’est différent pour chaque participant du processus d’ensemble : la structure de la course, son programme, les événements, les objectifs et les résultats.
Mon Dakar
J’ai vu pour la première fois cette expression dans le titre du livre de Vadim Pritulyak, « Mon Dakar. L’histoire du rallye de toute une vie… » Et ce n’est qu’après avoir été moi-même à Dakar que j’ai compris le vrai sens de ces deux mots : Mon Dakar.
Les mots peuvent avoir plusieurs sens mais leur sens devient spécial quand il est défini par notre propre expérience.
De : Grigorov Anton
Envoyé : le mercredi 21 décembre 2011 A : Grigorov Anton Objet : Dakar 2012, Anton Grigorov Bonjour, Nous approchons de la fin de l’année 2011, ce qui signifie qu’il ne reste plus que quelques jours jusqu’au début du Dakar 2012. La course commence le 1er janvier 2012. Dakar 2012 va traverser tout le continent sud-américain du sud-est au nord-ouest en passant par trois pays : l’Argentine, le Chili et, pour la première fois, le Pérou. Dakar 2012, c’est 15 jours, un total de 8400 kilomètres y compris 4200 kilomètres d’épreuves spéciales et de liaisons, et des centaines de techniciens de support et de journalistes. Et cette année, je ferai partie de la principale course de l’année ! Pour ceux qui ne le savent pas encore, ceci est mon premier Dakar et la deuxième course de ma vie. Mon premier rallye était le Silk Way Rally 2011 où je participais en tant que membre de l’équipe Vnesheconombank RRT (pour plus d’info : www.withrally.com/site/2011ENG) L’équipe Latvia m’a donné l’opportunité de participer au Dakar 2012. Pour la première fois dans l’histoire du rallye Dakar, cette équipe a lancé le véhicule entièrement électrique VUS, OSCar eO. Qu’est-ce que l’équipe Latvia au Dakar 2012 ? C’est une équipe internationale qui se compose de 20 personnes et de 7 véhicules dont : -Deux VUS prêts à concourir : OSCar eO (véhicule électrique, N° 370 - Maris Saukans and Andris Dambis – le concepteur du véhicule en question) et OSCar O3 (N° 467 - Anton Grigorov and Ainars Princis) ; - Un camion DAF (N° 574 - Jean-Charles Mauri, Jean-Claude Kaket et Kaspars Dambis – France, Belgique, Lettonie) ; - Des équipages de soutien – deux camions Mercedes (Haralds Ulmis, Ingus Ulmis, Kristaps Ulmis, Aldis Zarins, Kaspars Ozolins, Gunars Briedis) ; - Deux véhicules Nissan Navaro : un véhicule technique (Arnis Mellups, Kristaps Dambis, Oleg Dorofeev) et la voiture des journalistes (Alexander Morozov, Sergey Utkin, Luka Ivo Indrands) ; - Le chef d’équipe -Normunds Avotins. 20 personnes et il s’agit seulement des membres de l’équipe qui sont directement concernés par le rallye. Mais la réalisation de ce projet est devenue possible grâce à la collaboration et au travail de quelques dizaines d’enthousiastes de différents pays du monde et œuvrant pour un but commun. …. (omis) …. L’objectif principal de l’équipe est de voir OSCar Oe à l’arrivée, et le mien est de me voir franchir la ligne d’arrivée !... avec la voiture électrique… :) Bonne année ! Que cette année vous apporte le bonheur et de nouvelles perspectives à vous et à vos proches ! Merci ! Anton Grigorov Décembre 2011 |
Et voici sa Majesté Dakar.
14 épreuves, 8370 km, y compris les épreuves spéciales de 4190 km, et les liaisons de 4180 km.
443 équipages dont 178 motos, 30 quads, 161 voitures et 74 camions. 248 d’entre eux (56%) ont franchi la ligne d’arrivée.
742 sportifs de 50 nationalités différentes (le plus jeune âgé de 20 ans et le plus vieux de 71 ans), 980 équipes de support enregistrées, 285 journalistes, 1800 médias accrédités.
210 organisateurs de transport de véhicules dont 11 hélicoptères, 12 avions, 55 camions, d’innombrables motos, bus et voitures.
2500 personnes servies quotidiennement dans les bivouacs.
Le rallye a été diffusé dans 190 pays, 1500 heures d’antenne, 100 millions de visites sur la page web officielle de Dakar durant la course, et un billion de téléspectateurs dans le monde entier.
Comprenez-vous maintenant l’ampleur de cet événement ?
En somme, c’est trois Silk Way Rallyes par le nombre des participants, sans même inclure les motocyclistes. C’est aussi trois Silk Way en termes de longueur du parcours et cinq en termes de difficulté.
Quoique, cette année, le Silk Way Rallye promet d’être beaucoup plus sérieux. Bien sûr, sans ce vieux modèle « Dakar series », les organisateurs peuvent faire nettement plus qu’on pourrait l’imaginer ! Nous verrons…
Pour moi, le Silk Way Rally est la meilleure et la seule pratique que j’ai eue. Une fois passée l’épreuve du Silk Way Rally, on est déjà prêt pour Dakar. Et ça pourrait même être l’inverse. Le Silk Way Rally prendra place entre le 7 et le 13 juin 2012 avec un parcours allant de Moscou à Gelendzhik.
Pour avoir plus d’information et de mises à jour sur le Silk Way Rally, pour suivre ses épreuves spéciales, et pour voir de superbes photos et vidéos, visitez le site http://silkwayrally.ru
L’équipe Latvia (http://driveeo.com/) a réalisé quelque chose de révolutionnaire. Un véhicule avec un système de conduite entièrement électrique est monté sur le podium de la ligne d’arrivée au Dakar 2012. C’est un événement mémorable.
Mon équipe a entièrement atteint l’objectif fixé, y compris un peu plus de 4000 km d’épreuves spéciales. 100 km avant de franchir pour la 13ème fois la ligne d’arrivée (l’avant-dernier tour), le moteur de mon OSCar a dit : « Stop ! Ca suffit ! »
Durant les 29 derniers kilomètres du 14ème tour final, j’ai assisté à la course en spectateur avec une caméra en main.
Ce qui m’a semblé le plus étrange au moment où j’ai quitté la course, c’était mon calme devant ce qui se passait. En effet, il semblait que j’aurais dû être très déçu, mais c’était seulement dommage que nous n’ayons pu finir uniquement à cause d’un problème de moteur et avec une si petite distance à parcourir.
De toute évidence, ma réaction s’expliquait par le fait que j’avais obtenu tout ce que j’étais venu chercher là. J’ai réalisé mon rêve de participer au rallye Dakar.
Cependant, ça restait quand même un peu décevant. C’est comme aux Jeux Olympiques ! A présent, je comprends pourquoi ils ont inventé la devise « l’important n’est pas de gagner mais de participer »…
Tout ce que je voulais à ce moment-là, c’était de soulever la voiture électrique, comme s’il s’agissait d’un jouet, et de la remettre sur la ligne d’arrivée. Avec cette idée en tête, j’ai regardé mon équipe partir après leur avoir donné toute mon eau et ma nourriture. Ils avaient toute une nuit devant eux et 100 km d’étendues de sable presque infranchissables. D’ailleurs, après environ trois heures, les organisateurs nous ont informés que les 5 ou 10 derniers kilomètres de la dernière étape ont été annulés pour tous les véhicules restants à cause du grand nombre d’abandons. Peut-être mon idée s’est-elle matérialisée ?
Quand je me suis enfin fait à l’idée de la panne et à celle de l’échec, ma seconde pensée était : « OK, je n’ai pas réussi. Et maintenant quoi ? Dois-je le refaire encore ? Un autre Dakar ? Repasser tout à nouveau ! Non ! »
Mais comme disent les pilotes expérimentés, cette idée ne persiste qu’environ un mois et demi. Après quoi, on ne sent même pas avec quelle passion on commence à se préparer pour le prochain Dakar… Et c’est précisément ce qui m’est arrivé. Je projette de participer à tous les rallyes – le Silk Way, Dakar – et les entrainements sont déjà planifiés un an à l’avance.
Vadim Pritulyak (« Khokhol », Ukraine. Participant à de multiples courses en moto à Dakar)
Qu’est-ce qui rassemble des gens venus des quatre coins du monde et les pousse à traverser des milliers de kilomètres dans les steppes, les montagnes, les déserts et où les attendent d’innombrables dangers ? Pourquoi souffrent-ils et supportent-ils tous les inconvénients : les repas irréguliers et le manque de sommeil ? A peu près au cinquième jour de la course, presque tout le monde se demande : « Qu’est-ce que je fais là ? Pourquoi ai-je besoin de tout ça ? » Mais immédiatement après la fin du rallye, tout le monde commence à se préparer pour la prochaine étape. C’est ce que j’ai appelé « le syndrome de Dakar ». |
Vous savez déjà comment je suis arrivée au rallye Dakar (www.withrally.com/site/2011ENG).
Alors j’ai décidé de demander à des amis et à des membres de l’équipe comment ils sont arrivés là.
Et je les ai questionnés sur beaucoup d’autres choses liées au rallye…
Membre de notre équipe - Alexander Morozov (St. Petersburg)
Comment je me suis retrouvé à Dakar ? J’étais à Moscou pour affaires le jour où le Silk Way Rally 2011 a commencé. Mon ami Anton y participait. Bien sûr, je ne pouvais pas manquer le premier rallye de mon meilleur ami et je m’y suis rendu en tant que fan. Une semaine plus tard, j’ai atterri à Sochi pour voir la finale. En regardant le podium, j’ai eu des sentiments contradictoires : j’ai ressenti du bonheur pour ces bienheureux épuisés par la course mais heureux d’avoir passé la ligne d’arrivée. J’ai ressenti de la fierté à l’égard de mon ami (il n’a pas seulement franchi la ligne d’arrivée comme il le voulait, il a même obtenu de bons résultats), mais il y avait également un peu d’envie – alors c’est ça la vraie vie ? Quand vas-tu enfin la vivre pleinement ? Après le podium, j’ai demandé à Anton : « Qu’est-ce qu’on fait après ? » et il a simplement répondu : « Dakar » avec un sourire. Sans même y réfléchir, j’ai lâché que j’allais l’accompagner en oubliant tous les détails. D’ailleurs personne n’y a pensé, y compris Anton et personne ne savait comment ça allait se passer et ce qu’il fallait faire. Nous avons simplement décidé de nous lancer. Quand quelques semaines plus tard, Anton m’a dit qu’il avait confirmé sa participation au rallye Dakar en qualité de pilote de l’une des deux voitures de l’équipe Latvia, et que je pourrais avoir l’honneur de participer au Dakar comme pilote de la voiture des journalistes, je l’ai considéré comme quelque chose de normal même s’il n’y avait personne d’aussi heureux que moi sur terre à ce moment-là. |
Il y avait beaucoup de challenges et c’était très difficile. Je savais que ce ne serait pas facile mais j’étais loin d’imaginer que ça serait à ce point difficile ! Quoi qu’il en soit, nous avions tous confiance en nous. Dakar n’était pas une aventure aisée mais nous l’avons fait et nous avons réussi.
Un soir dans un bivouac, une des légende du rallye et l’un des meilleurs pilotes nous a révélé un grand secret : « Savez-vous pourquoi les gens viennent à Dakar ? C’est pour souffrir pendant deux semaines et après, le raconter pendant toute une année ! »
A ce moment-là, je l’ai seulement compris mais après mon retour, je l’ai vraiment réalisé. Ayant l’habitude de tenir un journal, après avoir rédigé un court rapport sur le Silk Way Rally 2011, j’ai écrit ceci au bout de 4 mois…
La course, la longue course qui épuise les gens et les véhicules. Tout est poussé jusqu’aux limites.
Pour un temps, tout semble parfait et tout se passe comme prévu : rien ne se brise et toute l’équipe est bien. Et puis soudain, tout s’arrête. Un échec après l’autre. Un malheur après l’autre. Pas de chance ! Ca fait très mal. C’est cruel. Et ça arrive tout le temps ! Constamment des hauts et des bas ; les montagnes russes de Dakar.
L’expérience de Dakar est la quintessence de tout : de l’énergie, des relations et des caractères.
On commence à voir les gens sous leur véritable aspect. On voit ce qui est à l’intérieur. Tout ce qui était caché et invisible en temps normal se montre et devient parfaitement clair durant la course. C’est très intéressant à observer et on ne peut le voir dans la vie de tous les jours. Seulement là-bas. Seulement là où c’est dur, douloureux, là où surviennent les difficultés et les défis, au Dakar.
SUERTE
Au 9ème jour de la course, (Antofagasta-Iquique) était divisé en deux épreuves spéciales : 340 et 90 km de longueur avec une liaison de 126km.
C’est d’ailleurs sur cette liaison que s’est écrasé le véhicule du champion du Silk Way Rally 2011, Alyosha Lopraïs. Il était vraiment l’un des prétendants au podium de Dakar dans la catégorie des poids lourds. Le mécanicien de l’équipe s’est tout simplement endormi au volant. Heureusement, il n’y a pas eu de victimes même si les membres de l’équipage ont été sérieusement blessés et le camion hors d’état de servir et irréparable.
Quelque part au milieu de la seconde épreuve de 90 km, en pleine nuit, nous avons perdu toutes nos chances de faire partie de la légende. Nous avons dévié de notre trajectoire et foncé dans le mauvais ravin. Nous nous sommes immédiatement retrouvés en bas, du côté de l’océan. Quand nous avons compris notre erreur, il était déjà trop tard. Quoique nous ayons essayé, il était impossible de remonter sur le sable.
Nous avions deux options : essayer de trouver la route vers le plateau à l’aveuglette ou jouer la sécurité. Nous avons essayé la première option mais après 15 km à travers les montagnes essayant de trouver les banderoles de l’entrée, nous avons décidé de ne plus perdre notre temps et de foncer vers le commencement de la seconde épreuve.
A 4 heures du matin, nous étions à la ligne de départ. En l’absence de tout signe ou indicateur, nous l’avons trouvé avec beaucoup de difficulté et c’était pratiquement un coup de chance !
Nous avons aisément passé les 40 km qui nous étaient familiers, nous avons trouvé la bonne sortie et avons continué notre route. En chemin, nous avons dépassé la brigade des organisateurs qui était occupée à fermer le tracé…
A 7 heures du matin, nous étions au bivouac.
Cette histoire a été un test de contrôle de notre capacité à surmonter les difficultés. Après ça, nous n’avons presque pas dormi environs 4 autres jours.
Quand nous roulions vers notre troisième épreuve du jour, nous nous sommes arrêtés dans une station-service pour faire le plein. C’était en plein milieu de la nuit et il n’y avait personne. Le jeune, qui travaillait là et qui ne parlait pas un mot d’anglais, nous a fait le plein de 100 litres. Je me souviens qu’en fermant la portière arrière de la voiture, j’ai vu en tomber une grosse couche de poussière formée en une journée. Il n’y avait plus rien d’autre.
Mais le matin suivant, au bivouac, quand je suis sorti de la voiture après y avoir passé 22 heures, j’ai vu que quelqu’un avait tracé sur la poussière de la portière arrière ce mot : « SUERTE ».
« SUERTE ». C’était ce que les autochtones nous criaient à chaque fois quand nous passions. Ce mot signifie « chance » et nous en avions sûrement besoin ce jour-là.
D’ailleurs, l’attitude des gens du pays face à la course et aux participants est une histoire à part. Je n’ai jamais rien vu de tel auparavant.
Alexander Morozov
A Dakar, je me sentais comme Gagarine. C’est quand tu passes dans un village ou que tu roules tout simplement sur la route et que tu vois des foules de gens amassés sur les bords. Et ils te souhaitent la bienvenue, à toi le pilote de course, avec des drapeaux et des posters. Imagine que tu t’arrêtes à un feu rouge ou dans une station-service et il y a des enfants et des adultes qui s’approchent pour demander un autographe ou noter le numéro de la voiture. Pour la première fois de ma vie, j’ai signé un autographe sur la poitrine d’une superbe fille ! A Mendoza, en Argentine, aux feux rouges, les gens se précipitaient sur nous et nous offraient de l’eau fraîche. Ils ont tous partagé leur énergie avec nous. Je tiens à mentionner, tout particulièrement, les posters des Argentins, Chiliens et Péruviens. Ils avaient toutes sortes de posters où il y avait écrit à la main : « Fuerza Dakar », ce qui signifie « Force de Dakar ». Et j’ai été spécialement touché par « Russia ! » et j’ai bien ri en lisant : « Os daremos agua, pero plata - no! », ce qui veut dire : « Donnons-leur de l’eau mais pas l’argent ! » Et bien sûr, il y avait aussi « Suerte ». Et tous les jours, on est entouré par une nature étonnante : des montagnes bleues, noires, vertes ; avec ou sans neige au sommet, des pampas, deux océans et, bien sûr, le désert. Dakar restera toujours dans mon cœur, et une partie de mon cœur restera pour toujours là-bas. |
Comme je l’ai mentionné précédemment, la seconde partie de la course était un véritable challenge, un teste d’endurance. L’emploi du temps des derniers jours était à peu près le suivant :
Commencement le matin. Nous avons commencé à la fin du peloton alors nous avons toujours su qu’il n’y avait personne derrière nous et nous avons conduit avec modération. Mais dans les dunes, l’écart a augmenté et nous avons dû trouver des alternatives à cette route à cause de la mauvaise qualité du tracé et des particularités de notre véhicule électrique. Andris Dambis a déjà résolu tous les problèmes qu’il a eus avec sa voiture à Dakar. Nous verrons ses résultats au Silk Way Rally cette année.
Le Silk Way Rally aura son premier véhicule électrique. Ca va être très intéressant !
Nous réalisons nos principaux défis dans la soirée. Nous nous tenons debout tous les quatre au sommet d’une dune géante quelque part dans le désert d’Atacama.
Il y a l’océan plus loin, énorme, noir et silencieux. Et à l’horizon, un magnifique couché de soleil rougeoyant. Ca peint le ciel en rayures de couleurs différentes, du jaune rougeâtre au bleu foncé. Quelques rares nuages lointains passent et se couvrent de gris et de cramoisi. Et pour couronner le tout, sur le fond de ce paysage éternel au-dessous de nous et que nous admirons, passe un énorme avion de ligne allant à l’atterrissage dans la ville voisine. Et j’ai réalisé qu’il allait faire nuit dans une demi-heure et nous avions encore tant de kilomètres devant nous dans les sables les plus difficiles, la poussière et les montagnes.
Le soleil continue sa descente. Trois minutes de plus et on ne le verra plus. Il va poursuivre sa course de l’autre côté de la planète où il y a mon chez moi et l’hiver. Je continue à le regarder baisser et je commence à penser à ma famille. Ca me brise le cœur. Mais au lieu de dire : « Qu’est-ce que je fais là ? », je dis simplement : « Dieu ! Que c’est magnifique ! »
Nous ouvrons nos repas emballés, mangeons la nourriture qui semble si délicieuse, buvons de l’eau tiède et du jus, admirons la vue, plaisantons (autant que nous pouvons) et nous décidons de ce qu’on va faire après : attendre l’aube ou continuer notre route. Et à chaque fois nous décidons de continuer à avancer, en grande partie parce que nous réalisons que si nous restons dans les sables jusqu’à l’aube, il y aura un grand risque que nous ne franchissions pas la ligne d’arrivée ou que nous n’arrivions pas au bivouac à temps. Cependant, il est beaucoup plus excitant de traverser ces étendues de sable.
Vers minuit, nous regardons la lune se lever. C’est clair, immense, magnifique et nous l’avons longtemps attendu. Maintenant, nous pouvons voir les contours de la route ainsi que les montagnes et les dunes qui nous entourent. Ça semble plus confortable de cette manière… Alors à notre rythme, nous continuons notre course, sortant souvent de la voiture, avec des câbles et des lampes en main.
Puis l’aube se lève. Nous commençons à aller plus vite et nous atteignons notre vitesse habituelle. Le soleil se lève. Un moment, ils brillent ensemble : la lune perdant son éclat et son pouvoir, et le soleil gagnant de plus en plus de force et d’éclat. Bien sûr, il n’y a plus personne ni sur la route ni à la ligne d’arrivée. Iritrack émet un bip agréable après avoir repéré un autre point par satellite, et je suis heureux que nous ayons passé une nouvelle étape de la course.
Le matin, nous arrivons au bivouac pour apprendre que les leaders ont déjà commencé l’épreuve suivante ! Ils sont tous en ligne pour le départ et nous, on vient juste d’arriver. Nous sommes tous très fatigués et privés de sommeil mais heureux. Les membres de l’équipe sont heureux. Les mécaniciens sautent sur les voitures en nous saluant sans s’arrêter : ils ont entre 30 minutes et une demi-heure pour diagnostiquer et réparer. Pendant ce temps, nous nous lavons, mangeons, et nous reposons comme nous pouvons, puis nous revenons à nouveau dans nos voitures. Devant nous, il y a toute une journée et une nouvelle nuit.
Il n’y a personne derrière nous à la ligne de départ. OSCar eO, ma OsCar o3, notre camion et c’est tout !
Et c’est comme ça les derniers jours.
Ils ont même arrêté de nous compter parmi les participants sur le site du rallye puisque l’information sur le départ et l’arrivée était postée sur le site avant que nous franchissions la ligne d’arrivée. Ils ont rempli nos papiers de départ à la main et après, ils ont manuellement entré l’information dans le système. Beaucoup de gens au pays ont perdu notre trace.
Plus de commentaires de Vadim Pritulyak. Sur les attentes et les difficultés. Des extraits de son livre justement sur le même chemin parcouru mais en 2010.
Les jours et les événements se sont mélangés dans ma mémoire. La course s’est transformée pour moi en un marathon que je courais avec les dents serrées. Ce matin-là, nous nous sommes retrouvés à une hauteur de 4500 mètres. Dakar a passé la frontière et la prochaine étape se déroulait dans les Andes du Chili, conduisant les concurrents vers l’océan pacifique à travers les sables du désert de l’Atacama. En consultant mon livre de bord avec les instruments, j’ai compris que la ligne d’arrivée était proche. Sur le sommet de la prochaine dune se tenaient trois motocyclistes. J’ai décidé de ne pas m’arrêter. Mon désir de franchir la ligne d’arrivée était plus fort que la tentation de faire une petite pause. J’ai facilement grimpé la dune et je suis arrivée au niveau des trois motocyclistes et à ce moment précis, la beauté de la vue m’a simplement coupé le souffle. Nous étions au sommet d’une énorme dune de sable. Devant nous s’étendait à l’infini l’immense océan Pacifique. En bas, il y avait la bande côtière et le bivouac de Dakar. A droite du bivouac, j’ai vu les véhicules et les spectateurs formant un passage étroit jusqu’à la ligne d’arrivée. Je me suis arrêté seulement pour un petit moment. Puis criant de toutes mes forces, j’ai dirigé ma moto vers la ligne d’arrivée. La longueur de la descente était de 2300 mètres, et la pente de plus de 30 degrés. La vitesse – 140 km/h. Inoubliable ! Après cette épreuve, la liste des participants s’est sensiblement raccourcie. Toute la nuit nous pouvions voir les lumières de ceux qui ont eu raison des sables et qui fonçaient vers la ligne d’arrivée. Souvent avec mon fils nous nous remémorons les mécaniciens assis juste à côté autour de la table de bois et attendant deux buggies dont on n’avait plus aucune nouvelle. Au début, tout le monde riait en se racontant des anecdotes. Puis on s’est mis à parler très bas en sirotant le café bouilli. Après, on a fini par examiner silencieusement la table de bois et ses éraflures. Mais personne n’allait se coucher. Un homme de 73 ans a tourné sa chaise de camping en direction de la montagne et jusqu’au matin, il fixait dans l’obscurité le point où son fils et l’ami de celui-ci essayaient de vaincre les sables traîtres et l’obscurité de la nuit dans cet insidieux désert de l’Atacama. |
Maris Saukans (pilote de l’OSCar eO et participant à plusieurs reprises au Dakar)
Dakar. C’est quoi ? Quel est le but ? Pourquoi ? Comment ? Ce sont les questions qu’on nous pose le plus souvent quand nous rentrons d’une compétition. En apparence, il semble que la réponse doive être facile mais pour moi, il est particulièrement difficile de dire la raison de ma présence là-bas. Je peux vous raconter des histoires sur différentes choses et situations qui sont arrivées durant la course ou en temps de repos. Mais c’est une autre affaire que de vous l’expliquer de façon à ce que vous puissiez vraiment le comprendre. C’est simple : pour comprendre les réponses à ces questions, il vous faut avoir participé à ce genre d’événement. Dakar n’est pas le même pour tous. Chacun essaie d’y arriver pour atteindre ses propres objectifs. Pour certains, c’est leur job ; pour d’autres, c’est un hobby ou des vacances. Certains cherchent à participer au Dakar pour en apprendre plus sur eux-mêmes et répondre aux questions : Qui suis-je ? Quel est le but de mon existence ? Dakar est comme un terrain de test, une grande école où on apprend année après année. Je peux reconnaitre ceux qui y étudient avec moi rien qu’en les regardant dans les yeux. Je peux le voir dans les yeux d’un inconnu arrivant de Dieu sait où qu’il est l’un d’entre nous. Et quand je vois des gens comme ça, je leur souhaite de la chance et de réussir à franchir la ligne d’arrivée. Le plus précieux trésor que j’ai reçu à Dakar est mon expérience. C’est tout ce que j’ai et ça n’appartient qu’à moi et je peux en faire ce que bon me semble. Ce n’est pas seulement à propos de Dakar. Chaque personne a son propre Dakar ; ce qui signifie qu’on peut en apprendre sur soi-même à travers tout et beaucoup d’autres choses. Au cours d’un rallye Dakar, en Afrique cette fois-là, en Mauritanie, nous avons eu une journée très difficile : plus de 700 km de désert. Une tempête de sable a commencé juste après que nous soyons partis et a duré de longues heures. J’ai conduis plus de 14 heures. Et comme pour 80% des participants, je n’avais plus de carburant. Et nous étions tous chaotiquement dispersés dans le désert mauritanien à des centaines de kilomètres. Les véhicules des techniciens et des organisateurs se sont retrouvés également sans carburant. Ça a pris plus de deux jours pour rassembler tous les concurrents. La situation était très dangereuse et même critique. Les sportifs se regroupaient en 2-3 équipes se trouvant à quelques pas les unes des autres. Des gens complètement différents, venant de différents continents et parlant différentes langues étaient unis. Nous avons partagé notre dernière bouteille d’eau : une gorgée par heure pour chaque participant. Notre groupe a reçu de l’aide seulement au bout de 40 heures. Dakar est une médaille à deux faces. Quelques participants ne rentreront jamais chez eux. La médaille n’est pas le seul but. Le but, c’est de rentrer chez soi, de revenir à la vie qui nous a été donnée, d’achever ce qui reste à faire. Je rentre toujours chez moi avec une victoire. Une victoire sur les dunes, sur moi-même ; avec de nouveaux amis, de nouvelles émotions, de nouveaux sentiments. En somme, avec de nouvelles expériences. En ce qui concerne ce Dakar, c’était dur pour tout le monde. Mais seulement quatre personnes savent à quel point. Je suis toujours arrivé à franchir la ligne d’arrivée. Cette fois-ci, notre mission principale à tous était de faire franchir la ligne d’arrivée au véhicule électrique et nous l’avons fait ! |
Au cours d’une de ces nuits de « sable », le générateur qui charge la petite batterie qui, à son tour, contrôle tout le système du véhicule électrique a arrêté de fonctionner. C’était très étrange : une puissante unité avec de grandes batteries devient inutile seulement à cause de l’absence d’une petite batterie ! Vous contemplez ce « vaisseau spatial » et vous réalisez qu’il est en train de mourir. Il est jeune, en bonne santé mais dans le coma – son corps fonctionne mais il reste sans mouvement, maladroitement coincé sur une dune.
Ça nous a pris plus de trois longues heures de peine. Nous avons relevé le capot de la voiture, enlevé la batterie, mis la seconde en charge ; nous avons essayé de la recharger à l’aide de câbles. Nous avons tout tenté mais en vain ! Il fait froid la nuit dans le désert alors nous nous asseyions à tour de rôle dans mon OSCar pour nous réchauffer. Maris s’est endormi sur le sable et a dormi là pendant toute une heure. Il s’est écroulé et s’est roulé en boule tant il avait sommeil et froid. En se réveillant, il pouvait à peine se tenir debout et bouger ses membres tant il était gelé.
Il y a eu des moments où des pensées négatives se sont emparées de nous. C’est la fin. Il n’y a plus d’issue. Nous devons traîner la voiture jusqu’à la ligne d’arrivée ? Mais comment ? C’est impossible même avec un camion ! Cependant, nous continuions à essayer tout ce qui était en notre pouvoir.
Le mécanicien de notre équipe était Kaspars Dambis, un jeune homme amusant et intelligent, le fils d’Andris Dambis, le créateur du véhicule électrique.
Quand nous avons compris que nous ne pourrons pas faire fonctionner la batterie et que la seconde ne tiendra pas plus longtemps, kaspars a enlevé le générateur et l’a démonté. Il l’a nettoyé, soigneusement assemblé et l’a remis en place. Ça lui a pris seulement deux heures dans le sable et dans l’obscurité de la nuit ! Après quoi nous avons démarré l’engin et… à notre grande surprise, la batterie s’est mise à charger !
Antanas Juknevicius (Lituanie)
A la fin de notre premier Dakar en 2003, notre voiture bougeait à peine. Nous en sommes arrivés à ne plus l’arrêter puisque nous ne pouvions plus redémarrer après. La batterie était morte et la voiture refusait de redémarrer toute seule ; il fallait recourir aux câbles pour recharger les batteries principales qui étaient complètement déchargées. Libye. A une épreuve, il faisait déjà sombre quand nous sommes arrivés au point de contrôle. Et les organisateurs nous disaient de ne pas nous rendre à l’épreuve suivante car elle était impossible à passer la nuit. Il y avait du sable devant nous. Il y a là-bas une région appelée Acacus, c’est un labyrinthe de sable et de rochers de 3-4 mètres de hauteur. Ce qui signifie qu’on ne peut voir d’en haut le chemin qu’il faut prendre. Nous avons passé la journée à explorer la moindre parcelle de terrain. Bien entendu, nous avons dévié de notre course de deux kilomètres environ. Le sable est fin et collant. Nous continuons rien que pour ne pas être coincés. Tout à coup, une petite dune, on fait un saut, la voiture s’arrête et le moteur tombe en panne. Il était tard, il faisait nuit et nous étions dans ce labyrinthe. Et pas sur la route principale. Il n’y avait personne derrière nous et nous ne pouvions démarrer la voiture. Nous nous sommes sentis désespérés. Mais je suis du genre à ne jamais abandonner. J’essaie toujours de faire quelque chose. Je prends une pelle et je commence à déterrer les roues de la voiture. Le copilote me demande : « Pourquoi tu fais ça ? De toute façon, la voiture ne redémarrera pas ! » Et j’ai dit : « Ecoute, faisons quelque chose ! Quel intérêt à rester les bras croisés ? » Et je continue à creuser tout autour de la voiture. Aurelius s’est assis de côté. Que faire ? Comment sortir de là ? Nous n’avions aucun moyen de communiquer. C’était tout simplement effrayant. Je n’ai jamais raconté ça à personne à part ma famille. Avant de commencer à creuser, j’ai essayé de démarrer la voiture à plusieurs reprises et je n’y suis pas arrivé. La batterie était complètement à sec, elle ne faisait même pas tourner le moteur. Quand j’ai fini, j’ai caressé la voiture et j’ai prié. J’ai vraiment prié Dieu du fond du cœur en lui demandant son aide, quoique de ma vie, je n’ai jamais agi de la sorte. Après quoi, j’ai repris ma place derrière le volant et j’ai démarré la voiture du premier coup ! Comment était-ce possible ? Nous ne le savions pas. Ce soir-là, nous avons eu le temps de sortir de ce désert, et le matin, nous étions au bivouac. |
Artur Ardavichus (3ème place dans la catégorie des poids lourds ? Dakar 2012)
Comment t’es-tu retrouvé à Dakar ? Mon premier Dakar était en 2008. A l’époque, nous franchissions la ligne d’arrivée en tant que grande équipe du Kazakhstan dans 5 VUS. Nous Nous sommes préparés une année entière ; construisant nos voitures, investissant du temps, de l’argent et de l’énergie. Quelques jours avant le commencement, nous sommes arrivés à Lisbonne. Le 3 et 4 janvier, nous avons passé l’inspection technique et administrative et nous avons laissé les voitures dans un parc fermé. Le jour suivant, le 5 janvier, la course devait commencer. Nous étions tous nerveux avant le départ. Le 4 janvier, nous nous sommes rendus au dernier briefing où on nous a appris que la course avait été annulée. C’est comme au casino – tu perds sans même t’en rendre compte. Ou comme si tu te heurtais à une porte vitrée en te faisant vraiment mal. Tu t’assieds et tu essaie de revenir à la réalité que tu ne peux influencer en aucune façon – non, c’est non ! Le sentiment d’avoir été trompé et utilisé mais tu ne sais pas par qui. Pendant trois jours, nous étions en état de choc, puis nous nous sommes concentrés sur le championnat du monde. La fois suivante, nous avons participé au Dakar en 2011. Nous avons terminé à la 8ème place. En 2012, comme vous savez, j’ai remporté la médaille de bronze. Ce n’était pas du tout facile. J’ai franchi la ligne de départ le 33ème. La première et la plus importante tâche, au début de la course, est de se placer en tête de celle-ci. Tout se décide dans les 60 premiers kilomètres. Nous avons pris beaucoup de risques et dépassé beaucoup de concurrents sur le sable. Nous sommes arrivés à la 4ème place. Après nous avons conduit à notre rythme. En somme, ma course vers Dakar a commencé en 1995. Au début, à moto puis avec toutes sortes de véhicules de course. Pour réussir quelque chose, il faut vraiment le vouloir. Pour ma part, j’en rêvais depuis l’enfance. Ce rêve était lointain et presque irréalisable. Mais les rêves se réalisent quand nous allons au devant d’eux. Avant et pendant la course, tu es toujours calme et joyeux. Tu ne t’inquiète jamais ou tu caches tes sentiments ? Ne montre jamais à personne que tu es nerveux. Etre nerveux, c’est être faible. Et si tu montres ta faiblesse, tu as déjà perdu. Il faut y aller mollo. C’est quoi « l’esprit de Dakar » ? C’est très simple. Je le sens bien environ au 5ème jour. Quand j’entre dans le camion des techniciens et ils sont tous endormis. Tous n’ont pas eu le temps de se laver. Quelques-uns vont se coucher plus tôt à cause de la fatigue, d’autres plus tard à cause de l’énorme travail qu’il faut accomplir. C’est ça l’esprit de Dakar. Il est unique. Quand je le ressens, je me souviens tout de suite comme tout le monde parle de l’esprit de Dakar. Et je me dis : Oh, je suis sur place ! C’est là que les miracles se produisent. |
Vladimir Chaguine (simplement Vladimir Gennadievich Chaguine. En janvier de cette année, il a célébré son 42ème anniversaire et son 21ème à Dakar : exactement la moitié de sa vie…)
Dakar était différent en Afrique. La longueur de la route, le challenge ; tout était beaucoup plus sérieux. Les commodités étaient minimes. La douche se résumait à 1m2 sur le sable ; sur des poteaux était tendue une toile de 40 centimètres de hauteur et il y avait un seau complètement cabossé et à côté, un petit récipient pouvant contenir à peu près un verre et demi d’eau. Et le 5ème jour, dans cette fournaise, nous étions tous prêts – hommes ou femmes – à prendre une douche sur la Place Rouge. Tu es debout, tu te laves, tu verses le peu d’eau qui reste sur ton corps et tu es heureux. Les gens y venaient pour échapper à la civilisation. Un minimum de confort. C’est ça l’esprit de Dakar. Et ça marchait parce qu’après deux ou trois semaines, après la ligne d’arrivée et la fin de la course, tu rentres dans ta chambre d’hôtel et vas immédiatement prendre une douche. L’eau est abondante et il n’y a pas besoin de compter chaque goutte. Après quoi, tu t’écroules dans ton lit aux draps blancs. Peux-tu imaginer quel regard différent tu portes sur le monde après Dakar ? Ou imagine le petit déjeuner à la cantine ou encore le dîner, quand des gens totalement différents se rassemblent autour d’une table. Ils sont de nationalités différentes, de cultures différentes. Imagine un facteur venu d’un petit village de France et qui ne gagne pas beaucoup d’argent. Il a rêvé depuis longtemps de Dakar, économisant de l’argent et il est venu en moto (bien sûr, comment pourrait-il se permettre de venir en Jeep ?) Il n’a pas de mécanicien ; il est seul avec une petite boîte à outils et des pièces de rechange. Il est donc venu à Dakar, a dépensé tout son argent et il en a probablement emprunté aussi. Et juste à côté de lui, il y a un Allemand, un pilote de courses professionnel. Célèbre, couvert de titres et de médailles. Il est venu à Dakar pour un salaire que son équipe lui paye. Et à côté de lui, il y a un homme d’affaires des USA. Il ne sait même pas combien tout ça a coûté et peu lui importe. Son manager a réglé tous les frais pour la Jeep, le carburant. Il est simplement en vacances. Et il est assis à cette table où ils parlent tous et se trouvent des choses en commun : les mêmes centres d’intérêts, thèmes et opinions. C’est l’esprit de Dakar. |
Antanas Juknevicius
Le sable, c’est magique. C’est effrayant mais tout le monde veut le faire. Même ceux qui ne savent pas conduire sur le sable. C’est ça l’excitation de la course. 2003, le 25ème Dakar. Tunisie-Libye-Egypte. C’était mon premier Dakar et de loin mon préféré mais aussi le plus beau et le plus excitant. Nous avons décidé que nous irions pour mon anniversaire alors nous avons eu 6 mois pour nous préparer. C’était un pari, une aventure. Nous n’avions même pas de voiture à ce moment-là. Nous avons payé pour les frais d’inscription et c’est seulement après que nous avons commencé à penser au reste. Nous avons acheté une voiture à 5000 dollars. C’était une vieille voiture. Imagine, nous n’avions personne pour nous assister et nous avons tout préparé nous-mêmes. Nous avons emporté avec nous la plupart des pièces de rechange d’un poids de 500 kg sans oublier les instruments. Bien sûr, nous ne pouvions pas rouler bien vite. Le but était de finir chaque étape et de franchir la ligne d’arrivée. Tout le monde nous disait que nous n’y arriverions pas avec cette voiture mais j’étais sûr de moi. Je ne pouvais même pas imaginer un autre dénouement. Nous n’avons pas beaucoup dormi pendant la durée de la course. Tout comme vous cette année, nous arrivions au bivouac le matin. Nous dormions debout. Nous arrivions même à trouver le temps de faire un peu de maintenance. Nous commencions chaque étape sales, le visage couvert de poussière et de saleté. Les gens ne nous reconnaissaient même plus à la fin. Nous étions pales, les cheveux ébouriffés, les vêtements sales ; nous avions l’air de zombies. La liste des travaux de maintenance de la voiture ne faisaient que s’allonger et le temps s’envolait. Nous ne faisions plus que ce qui nous permettait d’avancer. Nous en sommes venus à ne plus arrêter la voiture parce qu’elle refusait de redémarrer et que la batterie étant morte, nous ne pouvions démarrer la voiture qu’à l’aide des câbles. Bien sûr, au milieu de la course avec le copilote, nous avons commencé à échanger nos places. L’un dort pendant que l’autre conduit. Autrement, aucun pilote ne tiendrait le coup physiquement. Sans copilote, tu suis simplement les traces laissées par les autres. Une fois, nous conduisions dans le désert et il était environ 3 ou 4 heures du matin. C’était un endroit intéressant : 70-80 kilomètres d’étendue de sable parfaitement plate. Tous conduisaient le plus vite qu’ils pouvaient. Imagine – tu regardes la route et ça a l’air d’un couloir à cause de la lumière des phares. Tu ne peux rien voir hors de la portée des phares. Après tu as l’impression de conduire dans un long tunnel sans fin. J’essayais vraiment de ne pas heurter des murs imaginaires ; je voyais réellement des murs à droite et à gauche même si, en réalité, il n’y avait que du sable autour de nous. J’étais donc tellement concentré sur la route et je continuais à conduire et là, j’ai vu un animal juste devant moi : un chien ou un loup. Et j’essayais de ne pas tuer l’animal. Tout cela semblait si réel que je voulais en parler au copilote à mes côtés. Mais j’ai pensé qu’il valait mieux ne pas lui dire ; il penserait sans doute que je perdais la raison et ne me respecterait plus. C’était mauvais pour l’esprit d’équipe. J’ai continué à conduire avec l’image de ces murs et de cet animal devant moi. Finalement, j’ai décidé de le lui dire. Je ne pouvais plus y tenir et j’ai dit : « Tu sais, je comprendrais si tu pensais qu’il y a quelque chose qui cloche avec moi, mais je conduis dans un tunnel et il y a un chien devant moi. Je ralentis même parfois pour ne pas le heurter. » Sur ce, il me répond : « Tu sais, ça fait à peu près une heure que je vois le tunnel et le chien, mais j’avais peu de te le dire et que tu penses que je suis devenu fou. » La situation nous avait beaucoup rapprochés, au point de nous faire partager la même hallucination. Après la fin de la course, nous n’avons même pas célébré l’événement. A l’hôtel, nous sommes allés directement au lit où nous nous sommes écroulés. J’ai dormi 2 jours et demi sans interruption et ne me suis réveillé que 4 heures avant le vol. Bien entendu, l’idée de participer au Dakar n’était pas spontanée. Dakar est un rêve pour beaucoup de gens, pas seulement pour les pilotes mais aussi pour les fans. Pour moi, Dakar est comme l’Everest pour un alpiniste. Le conquérir et être au sommet de la planète est un but digne d’être poursuivi. |
Morozov
Chaque jour, je faisais quelque chose pour la toute première fois dans ma vie : j’ai lavé la voiture avec un Karcher, conduit sur le sable, j’ai même été coincé dans le sable. J’ai vu des couchers de soleil dans le désert. Confus, j’ai conduit sur le tracé de la course avec un poids lourd à mes trousses, ou encore un buggy noir, sorti de nulle part, me fonçait droit dessus. J’ai conduit sans filtre de carburant quand tout le capot était couvert d’huile diesel et j’avais peur que la voiture explose, et avec elle tout le bivouac, ce qui ferait de moi un nouvel Erostrate. Ma batterie est tombée en panne ; je ne pouvais donc plus traverser les Andes à la frontière de l’Argentine et du Chili. J’étais dépassé par tout le monde en me dirigeant vers la montagne à une vitesse de 20km/h. et derrière moi, il y avait de gros nuages de fumée noire et c’est là que je me suis rendu célèbre auprès de tous les participants du rallye : je roulais derrière le poids lourd de Harris. Les trois premiers jours du Dakar, j’essayais de comprendre le rôle que je devais jouer dans cette compétition. L’équipe est un mécanisme dont les membres sont parfaitement reliés et en harmonie et où chacun connaît sa place et le rôle qu’il devra jouer à chaque instant. Et moi, étant journaliste et pour la première fois au Dakar, je n’avais aucune idée de ce que j’étais supposé faire, spécialement dans les bivouacs. La seule chose que j’avais bien saisi, c’est qu’il ne fallait pas gêner les autres ! Anton m’a beaucoup aidé. Il a vu ma confusion par rapport au fait que je n’étais pas « un vrai participant » et m’a dit : « Tu es au raid ! Il t’est permis de faire tout ce que tu veux ! » Et là, tout est soudain devenu plus facile, plus clair et j’ai commencé à faire ce qu’il fallait et ça réussissait. Dakar m’a donné quatre héros personnels : Anton, Ainars, Maris et Andris, les deux équipages de mon équipe. J’ai roulé 10 500 km sur des routes publiques, d’un bivouac à un autre, passant sur les tracés de la course par des rampes spéciales. C’était dur parce que chaque jour, nous devions faire un certain nombre de kilomètres, mais c’était sur de bonnes routes et on pouvait s’arrêter et se reposer. Nous étions privés de sommeil : je dormais une à cinq heures par nuit ; dormir cinq heures, c’était le bonheur ! Mais ces gars, que ne faisaient-ils pas ? Chaque jour, ils passaient entre 300 et 650km d’épreuves ; c’était des rochers, des lits de rivières, des dunes de la taille d’une montagne. Et il ne s’agissait pas seulement de passer tout ça, mais de franchir la ligne d’arrivée dans les temps, ce qui signifie qu’ils étaient pressés ! Et le marathon des cinq dernières étapes ! Cinq jours sans dormir – même la nuit ! – arriver aux limites et seulement avancer, avancer et avancer ! C’était impressionnant de voir les gens souriants et calmes. Quand je leur ai demandé : « Comment faites-vous pour ne pas dormir si longtemps ? » Ils m’ont répondu : « Le plus important est de dépasser les liaisons, puis au cours des épreuves, l’expérience est telle qu’on en oublie de dormir ! » Quand tu le vois de près, tu te demandes : « Est-ce que je peux le faire ? » Peut-être que je peux ! Mais c’est là qu’est la différence : JE PEUX, et ils l’ont FAIT ! |
Fedor Sulimov
L’avion descend, volant à travers un voile de nuages et je vois la bande du rivage : sable gris, et quelquefois des groupes de petites constructions en carton. Les villes. Plus tard, je me demanderai bien des fois ce que les gens font dans des endroits pareils, et comment ils vivent. « La Femme des dunes » de Kôbô Abe me revient en mémoire – c’est le même désespoir. Au-dessous de nous, le Pérou – anciennes civilisation, culture et architecture – et je me surprends à penser que je n’ai jamais eu l’occasion de travailler dans ce pays. Tous les voisins : Le Venezuela, l’Ecuador, la Colombie, le Chili et la Bolivie, d’une façon ou d’une autre, faisaient partie de mon travail. Mais jamais le Pérou. A chaque fois que je venais dans ce pays, j’étais poussé par le désir de faire quelque chose pour moi-même : escalader les montagnes, les longues marches. Tout cela était lié à des raisons personnelles. A chaque fois que je montais dans un avion à destination de Lima, c’était pour moi que je le faisais. Le long du rivage apparaissent les installations portuaires, les réservoirs de pétrole. On va bientôt atterrir. Je crois que c’est au début des années 70 que remontent mes premiers souvenirs d’enfance, les premiers souvenirs vagues de l’enfance. Pour un enfant, il est impossible d’imaginer et d’évaluer toute cette grisaille qui nous entoure, mais cette grisaille était peut-être la raison latente qui nous poussait à inventer toutes sortes d’amusements : nous collectionnions les emballages de bonbons, des chewing-gums, et toutes sortes de bouts de papier aux couleurs vives. Pour nous, c’était tout simplement les illustrations d’une autre vie, une vie de l’autre côté de la vitre. J’avais aussi une petite valise pleine de cartes postales – mais pas n’importe lesquelles ! C’était des cartes postales venues de l’étranger. Lignes de lumière capturées à la vitesse d’obturation de voitures dans des villes inconnues, des rues et des boulevards que je n’avais jamais vus auparavant. Papier glacé. J’avais l’habitude d’en faire un tapis sur le parterre de notre appartement de Moscou et de me perdre dans des rêveries sans fin. Je ne me rappelle plus de mes jouets mais je me rappelle ces cartes postales. Je ne me souciais guère de ce qu’il y avait de l’autre côté de ces cartes ni en quelle langue c’était : je pouvais à peine lire le russe à l’époque. D’où elles venaient n’avait pas plus d’importance. C’était simplement un monde de contes de fées devant moi. Dix ans plus tôt – je n’étais même pas encore au monde. L’Afrique. La révolution socialiste au Mali, la lutte pour l’influence politique dans un pays dont personne n’avait besoin avait mené à la confrontation de deux systèmes distincts. Le nouveau gouvernement rejette la colonisation française et implante une politique de rapprochement avec l’URSS. Beaucoup d’experts soviétiques de différentes spécialités sont envoyés dans le pays. La France n’abandonne pas. A Bamako, la colonie des citoyens soviétiques s’agrandit ; l’URSS envoie ses ingénieurs et linguistes en Afrique. Bien entendu, les jeunes se rencontrent et tombent amoureux. Elle – une jeune fille, représentante du Sovzagrstroy. Lui – un Français, ingénieur militaire. Ils étaient tous deux dans un pays étranger. Une histoire d’amour comme tant d’autres, de celles qui arrivent maintenant et qui arrivaient aussi avant. Seulement c’était il y a 50 ans, et à l’époque, l’idéologie se mêlait toujours des relations amoureuses. A la fin de sa mission, elle a dû retourner en URSS. Non, rien de grave n’est arrivé, seulement un transfert de Sovzagrstroy à Mosproject et plus de possibilité pour quitter le pays. La routine habituelle. A l’époque, les lettres qui étaient envoyées de l’étranger en URSS étaient toujours ouvertes, et ces lettres ouvertes n’arrivaient presque jamais à destination. Un message sur une carte postale avait nettement plus de chance de parvenir à l’adresse indiquée, mais une petite lettre postale n’était pas suffisante pour exprimer les pensées que deux personnes peuvent partager. Cette histoire a continué pendant 20 ans ! 20 ans de petits messages sur des cartes postales, et c’est l’origine de mon tapis aux couleurs vives. 20 ans puis tout s’est arrêté. Le 14 janvier 1986 à 7:30, temps local à Mali, Afrique. Pendant le rallye Paris-Alger-Dakar, l’hélicoptère des organisateurs s’est crashé sur une dune. Rien d’étrange ; ce sont des choses qui arrivent. Mais les cartes postales ne sont plus jamais arrivées. C’est comme ça que Dakar est entré dans ma vie. Ça fait 25 ans que j’ai fini l’école. J’ai servi et travaillé dans différentes parties du monde ; les frontières n’existent plus depuis longtemps. J’ai de la famille, un travail, des hobbies partout et je vis dans les avions. J’ai moi-même fini une école de photographie et je sais comment on crée les traits de lumière. Ce n’est plus un mystère pour moi. Tout a changé. L’avion atterrit et je traverse l’aéroport sans même lire les indications. Je sais exactement où je vais. Dans une heure, l’avion de Yulia arrive de Paris. Je vais l’attendre puis nous irons ensemble à la rencontre du Dakar. Elle ira voir son mari et moi, un ami. Le sable chaud. Nous attendons le véhicule électrique OSCar à la ligne d’arrivée. La dernière étape. Anton est couché sur le sable et contemple le ciel. La nuit dernière, au cours de l’avant-dernière étape, sa voiture est tombée en panne. Je ne m’y connais pas en mécanique alors je ne peux pas vous dire exactement ce qui est arrivé. Je sais seulement que la voiture ne pouvait pas être réparée. Il ne restait qu’une dernière petite étape. L’homme peut tout endurer mais pas la machine. Maintenant j’ai cette photo d’Anton couché sur le sable et contemplant le ciel. Pourquoi ai-je besoin de Dakar ? J’ai mon propre Dakar. Après de longues années passées à escalader les montagnes, je sens le même esprit, la même excitation au Dakar. C’est qui nous manque dans notre vie. C’est comme dans la chanson de Vladimir Vysotsky : « Dans l’agitation des villes et le trafic des voitures Nous revenons – il n’y a nulle part où aller ! Nous descendons des sommets conquis Laissant nos cœurs dans les montagnes. » Je connais cette sensation. Année 2003. Pérou, Alpamayo, un des plus beaux pics. La montagne. 150 mètres de haut, le camp est à 500 mètres derrière. Le sommet et le camp sont reliés par un parcours difficile fait de glace et de fissures ; un long et laborieux travail. Le soleil, le petit matin et la neige brillante. 150 mètres pour atteindre le sommet – un travail de 2 heures, 2 heures de travail final, de ce travail commencé un an avant l’ascension. 150 mètres et il n’y a rien pour s’accrocher : la qualité de la glace et de la neige est mauvaise. Après avoir échangé quelques mots avec mon ami Chilien, nous commençons à redescendre. Je n’hésite pas et je suis sûr d’avoir fait tout ce que je pouvais. Je regarde le sommet et il semble juste à portée de la main, mais nous descendons déjà. Cependant je suis heureux ; je suis sûr d’avoir fait le bon choix. La voiture de Maris et d’Andris ralentit, ils embarquent Anton et tous ensemble, ils franchissent la ligne d’arrivée dans la voiture de Maris. C’est une victoire ! Ils vont conduire jusqu’au podium de Lima ensemble et ils seront heureux. C’est leur victoire ! Ils ont remporté la victoire ensemble, ils ont tout fait pour ça, et toute l’équipe a gagné. Je regarde Anton. Il a tout fait comme il le voulait. Sa victoire personnelle sera pour le prochain Dakar. Il faut passer le Dakar à sa propre manière, avec ses propres sentiments. Il faut passer son Dakar pour soi-même. |
Yulia Grigorova
10 heures que je suis avec les autres à attendre Anton. Pendant l’attente, j’ai discuté de tout avec les mécaniciens. Nous avons pris un café puis un thé, et encore un café, puis un autre thé. C’était interminable. Le temps s’écoulait si lentement ! Les gars me racontaient comment les équipages s’en sortaient et qu’ils avaient tant de nuits blanches. J’ai eu peur et pitié d’eux. J’ai ressenti de la fierté et du respect pour ceux qui avaient relevé le défi et j’étais fière de mon héros. Le bivouac avait l’air d’une chaudière remplie d’une potion bouillante. Une potion faite d’hommes. Un monde fait exclusivement d’hommes et où il n’y avait pas de place pour la faiblesse, la colère et l’hypocrisie. « Va te coucher. Ils ne rentreront pas de sitôt ! », me dit Haris. Alors j’ai abandonné après de longues heures de torture. Il était à peu près 2heures du matin. Il ne restait plus que deux heures. A travers le bruit des générateurs constamment en marche, les conversations et le bruit des voitures, j’ai entendu arriver notre équipe. Je pouvais tout lire dans les yeux d’Anton, ces yeux que j’aime tant. Ses yeux fatigués mais brillants me racontaient tout ce qui s’était déroulé là-bas. Douleur, patience, peur, danger, déception, colère, joie – tout y était ! Une fois, j’ai vu un musher choisir des chiens pour son équipe. Même si un chien vient juste de rentrer à la maison et qu’il est fatigué, il est malgré tout prêt à partir au moment où il voit son maître qui s’apprête à commencer son voyage. Peu importe ce qui pourrait arriver, il n’y a qu’un seul chemin et c’est droit devant. Il faut passer tous les obstacles. C’était pareil dans cette course d’hommes. Aux temps où l’homme allait à la guerre pour conquérir de nouvelles terres, se battre pour l’honneur, défendre sa famille ou sa tribu, son pays n’allait nulle part mais il se transformait. Dakar ressemble à une histoire tirée d’un film. Je me suis sentie heureuse pour tous les participants. Dieu merci, nous avons des hommes ! Et nos représentations du rêve sont différentes ! Quelques mots sur le rallye. Si ton équipe l’avait franchie, tu ne serais pas le même que maintenant et cette histoire aurait aussi été différente. Souviens-toi : chaque chose en son temps ! Bonne chance à toi pour le prochain Silk Way et pour Dakar ! Je t’aime. |
J’ai cru qu’à la fin, j’allais remercier chacun en citant son nom mais quand j’ai commencé à le faire, j’ai réalisé que je ne pourrais plus m’arrêter et que c’était impossible de mentionner tous les noms. La liste est bien trop longue.
C’est pourquoi je dis simplement MERCI à tout le monde et à chacun !
J’ai atteint mon objectif principal du Dakar 2012. Mission accomplie !
Je me suis fixé de nouveaux objectifs pour le Silk Way 2012 et le Dakar 2013. Ce sera intéressant.
Bonne chance à nous tous !
Thierry Sabin, le fondateur de Dakar, mort en 1986 à 36 ans quand son hélicoptère s’est crashé au cours du 8ème Dakar, disait que ce rallye est :
« Un défi pour ceux qui osent, un rêve pour ceux qui restent. »
Et cette devise ne concerne pas seulement Dakar…
Maintenant je le sais.
Merci.
Anton Grigorov
Juin 2012.